ANALYSES BIBLIOGRAPHIQUES

i) Sur les facteurs du développement

Alain Birou et Paul-Marc Henry, Pour un autre développement, Paris, puf- iedes, 1976, 352 p. (coll. « Tiers-Monde). Le lecteur qui, sur la foi de son titre, espérerait trouver dans ce gros et dense volume une définition de cet « autre développement » — ou, pour mieux dire, de ce développement autre — dont tout le monde proclame la nécessité et l'urgence, mais que personne n'a encore pu décrire avec quelque clarté, celui-là sera déçu. Celui, par contre, qui y cherchera de quoi alimenter ses propres réflexions sur les causes des multiples imperfections du « développement » tel qu'il a été, jusqu'à présent, conçu par les « aideurs » et perçu par les « aidés » et, partant de là, sur les moyens d'y remédier, celui-là sera comblé. Car, bien qu'il ne porte les signatures que d'Alain Birou et de Paul-Marc Henry, ce livre est en fait l'œuvre collective d'une cinquantaine d'auteurs, venus des horizons géographiques, disciplinaires et idéologiques les plus divers, et qui ont accepté, sur une initiative du Centre de Développement de I'ocde, de répondre à (ou de réagir sur) un questionnaire portant sur douze thèmes de réflexion centrés pour moitié sur un examen critique des sociétés industrielles et du type de « développement » ou de « progrès » qu'elles ont engendré, et pour l'autre moitié sur la possibilité, le sens et les conditions d'un « autre » développement à l'échelle du monde. Par ailleurs, les réponses proprement dites à ce questionnaire ne constituent que la première partie de l'ouvrage. Dans une seconde partie sont rassemblés des textes venus de douze pays de tous les continents, dont les auteurs avaient toute liberté de s'exprimer à partir d'autres points de départ et de dépasser l'optique et les limites de l'interpellation qui leur était adressée. Le résultat est, comme on pouvait s'y attendre, une juxtaposition d'opinions et de propositions (voire de silences significatifs) d'une extrême diversité, qui parfois se complètent et souvent s'opposent ou se contredisent. Il ne saurait donc s'agir d'une « construction » (ambition que les enquêteurs avaient, dans leur grande sagesse, écartée d'emblée), mais d'une accumulation de matériaux ou, comme il est dit plus élégamment dans l'introduction de la première partie, « un florilège d'opinions, de points de vue et d'analyses assez étonnant par sa variété et sa richesse ». Pourquoi alors — et ce sera la seule critique que nous ferons aux deux éminents signataires — ne pas avoir donné à ce recueil un titre qui corresponde plus congrûment à son contenu que celui qu'ils ont choisi ? Le titre même de leur questionnaire : « Sens et contresens du développement » était, à cet égard, tout indiqué.

Revue Tiers-Monde, t. XVIII, n° 71, juillet-septembre 77 675